Olivier Roller
Né en 1971, à Strasbourg - vit et travaille à Paris - born 1971 in Strasbourg, live and work in Paris
Etudes de droit et de sciences politiques - Law and political studies

Premières photographies parues dans la revue Limelight, puis les journaux Libération, le Monde, Télérama. Très vite, le portrait s'impose. Des visages par centaines, commandés le temps d'une page mais aussi le temps d'une série personnelle. Un travail que rebute les étiquettes : le milieu journalistique le voit comme un « artiste », celui de l'art contemporain le qualifie de « photographe de presse »... Un travail en forme de passerelle, justement, entre différentes disciplines, qui explore sa propre exposition. Par exemple, une photo n'est pas perçue de la même façon si elle est diffusée sur un écran, encadrée dans une galerie ou publiée sur la page d'un journal.

" De toutes façons, avec un appareil photo dans les mains, il a toujours l'air encombré. Il n'est pas du tout comme ceux qui disent "je suis né avec", "c'est naturel", "j'ai ce truc dans le sang"... Lui, il n'a rien du tout dans le sang, il n'est pas né avec ça, au contraire: il a rencontré la photographie presque par hasard, il a tâtonné, il a pris son temps, - un grand amour, ça s'apprivoise. Rien n'est naturel : chaque photographie est un effort, une énergie colossale, un travail qui le laisse pantois.

Il se fiche de l'esthétique. Il s'est mis en tête de faire parler les images. Pourquoi pas ? Il faut bien l'avouer, parfois, les images d'Olivier Roller sont tellement bavardes qu'on ne s'entend plus. Parfois aussi, elles ne disent rien. La faute à qui ? On serait tenté d'incriminer le sujet photographié. C'est facile : il/elle a un air triste, n'est pas photogénique... Mais l'objectif du photographe est autant responsable. Un regard peut être muet. Dans quelle mesure, alors, le regard du photographe modèle l'image? Qu'est-ce qui prévaut ? Celui qui prend en photo ou celui qui se donne à voir ?

Il a de belles remises en question. N'importe quel travail soumis à ce mécanisme de doute prend une grande valeur. Il se demande s'il trouvera le courage pour se mettre, lui, tout entier dans ses photos, jusqu'où peut aller la mise en danger. Il se demande à quoi ça sert de figer. Il se dit que, peut-être, c'est lui qui est figé, et que tout tourne autour. Il tenterait alors de figer avec son appareil, pour se sentir moins seul.

Olivier Roller se demande aussi s'il n'écrit pas toujours la même histoire derrière ses photos. C'est joliment formulé, ça voudrait dire qu'une image, c'est aussi un livre, et qu'il y a mille façons d'écrire un livre. Olivier Roller écrit probablement la même histoire depuis des années. On écrit toujours la même histoire avec des mots, des images, des silences ou autre chose. Les artistes ont décidé de ne jamais renoncer à cette histoire et de l'explorer jusqu'au bout. Ils ne cherchent pas à la changer. Ils s'y plient, résolus et confiants. Ils s'y soumettent afin d'en saisir les secrets. Lorsqu' Olivier Roller photographie quelqu'un, il découvre un chapitre de plus. Mais c'est toujours la même histoire, toujours le même regard mis en boîte."

 

Clara Dupont-Monod

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